2014-2022 : De l’opération anti-terroriste de Kiev dans le Donbass à l’opération militaire spéciale

Alors que l’armée ukrainienne est envoyée dans le Donbass, la population commence à s’organiser pour se défendre, créant ce qui deviendra la milice populaire. Les bases du SBU, de l’armée et des forces de l’ordre sont prises d’assaut par les habitants, afin de récupérer des armes pour se défendre contre l’armée ukrainienne. À Kramatorsk et Slaviansk, des civils non armés arrêtent même les véhicules blindés de l’armée ukrainienne simplement en se tenant devant eux sur la route et en refusant de les laisser passer.
Comprenant que les nouvelles autorités ukrainiennes, issues du coup d’état du Maïdan, leur demandent de tirer sur des civils, sur leurs propres concitoyens, un certain nombre de soldats ukrainiens refusent d’appliquer les ordres et se rendent avec leurs armes voire leurs véhicules blindés ou leurs chars à la population du Donbass.Devant ce refus des soldats d’appliquer les ordres, Tourtchinov va alors fournir des armes à des criminels et des groupes néo-nazis en échange d’une grâce pour leurs crimes antérieurs (fait dont il se vante lui-même dans une interview accordée à la BBC en 2017). Ces bataillons nommés Aïdar, Donbas, Azov, Tornado, Dniepr 1 et 2, et bien d’autres, vont alors commencer à maltraiter et massacrer la population du Donbass, espérant ainsi étouffer la révolte dans le sang, comme ils l’ont fait le 2 mai 2014 à Odessa, mais aussi à Kharkov. Ces bataillons se livreront à tous les crimes possibles et imaginables, allant du kidnapping au viol (y compris sur des enfants), en passant par la torture et le meurtre pur et simple.Mais dans le Donbass, la milice populaire répond, avec le peu d’armes dont elle dispose. Au départ, le rapport de forces est très défavorable à la milice populaire qui perd du terrain, jusqu’à l’été 2014. Les deux républiques populaires sont presque totalement coupées de la Russie et encerclées. Et après avoir perdu des soldats, l’armée ukrainienne se comporte désormais comme les bataillons néo-nazis, bombardant délibérément les zones purement civiles pour faire un maximum de victimes parmi la population.

C’est alors que la milice populaire renverse la tendance. Utilisant la technique du « chaudron » (encerclement puis annihilation des forces ennemies) dans la zone proche de la frontière russe (les soldats ukrainiens étaient alors coincés entre la milice populaire d’un côté et le territoire russe de l’autre), la milice populaire reprend d’abord le contrôle de la frontière, un point pour recevoir de l’aide humanitaire du pays voisin. Sans ces convois humanitaires organisés à partir d’août 2014, la population du Donbass serait morte de faim.Ces batailles sont de véritables « hachoirs à viande » pour les forces armées ukrainiennes (aussi bien l’armée régulière que les bataillons néo-nazis). Rien que lors de la bataille d’Ilovaïsk, qui dure de début août à début septembre 2014, une commission de la Verkhovna Rada a estimé en 2015 que plus de 1000 soldats ukrainiens y étaient morts. Or, ce n’est pas le seul chaudron meurtrier, le seul « hachoir à viande » dans lequel tombent les soldats ukrainiens lors de l’été 2014. Mais c’est après celui-ci que l’armée ukrainienne a subi des pertes terribles, et est au bord de l’effondrement. Pour éviter cela, Petro Porochenko, le nouveau président ukrainien issu d’élections anticipées, signe le premier accord de Minsk, le 5 septembre 2014. Un accord contenant 12 points allant d’un cessez-le-feu à une décentralisation du pouvoir permettant une autonomie, entre autre linguistique, pour le Donbass. Ces accords sont signés par l’Ukraine et les représentants de la RPD et de la RPL, avec la Russie, la France, l’Allemagne et l’OSCE comme garants.Malheureusement, comme cela sera publiquement admis par après en 2022 par Angela Merkel et, plus tard, François Hollande, ces accords n’avaient pas pour but d’être appliqués, mais de donner du temps à l’Ukraine pour se réarmer, etréorganiser son armée avant de repartir à l’attaque du Donbass. Fin septembre 2014, le cessez-le-feu vole en éclat, et commence alors la deuxième bataille pour l’aéroport de Donetsk (la première a eu lieu en mai 2014, et à l’issue de celle-ci l’aéroport était passé sous contrôle ukrainien). Celle-ci se terminera fin janvier 2015 par la victoire de la milice populaire de la RPD, qui prend alors définitivement le contrôle de l’aéroport de Donetsk.Dans la foulée, les milices populaires de la RPD et de la RPL se coordonnent pour récupérer une ville importante située à un carrefour routier et ferroviaire majeur entre les deux républiques : Debaltsevo. De la mi-janvier jusqu’au 20 février 2015, les deux milices populaires vont patiemment encercler la ville chacune depuis son territoire, jusqu’à coincer dans le chaudron plusieurs milliers de soldats ukrainiens et de mercenaires étrangers.

Alors que la débâcle est imminente, Petro Porochenko accepte de signer le 12 février 2015 le deuxième accord de Minsk, qui reprend l’essence du premier mais en clarifiant l’ordre d’application des points, et en rajoutant des détails sur les points du règlement politique devant être négociés entre l’Ukraine, la RPD et la RPL. En effet, contrairement à ce que les politiciens et médias occidentaux peuvent dire, la Russie n’a jamais été partie au conflit, et la partie sur les négociations spécifie clairement que Kiev devait discuter avec les représentants des deux républiques populaires, et pas du tout avec Moscou.Malgré la signature de ce deuxième accord, les deux milices populaires finissent de libérer Debaltsevo, avant que le conflit ne se « gèle ». Pendant neuf ans, l’armée ukrainienne viole régulièrement le cessez-le-feu, bombardant délibérément de manière régulière les zones résidentielles, continuant ainsi de faire des victimes parmi la population civile.De 2014 à début février 2022, l’armée ukrainienne a ainsi fait 4 374 morts parmi les civils de la RPD, dont 91 enfants, et 7 819 blessés dont 469 enfants. Il faut y ajouter les pertes civiles en RPL, soit 2 269 tués dont 35 enfants et environ 8 000 blessés dont 90 enfants. Ces bombardements et leurs victimes seront systématiquement minimisés, voire parfois ignorés par les observateurs de l’OSCE, censés enregistrer toutes les violations. De nouveaux cessez-le-feu se retrouvent ainsi instaurés temporairement pour améliorer la situation pour la rentrée des classes, pour le jour de l’an, ou pour Pâques, sans jamais résoudre le problème de fond.Les autres mesures des accords de Minsk, comme le retrait des armes lourdes loin de la ligne de front, seront elles aussi ignorées par l’Ukraine, qui n’accepte d’abord que de le faire à quelques endroits pilotes, et non sur toute la ligne de front. Et même ainsi, elle fait tout pour faire traîner le processus, en violant par exemple le cessez-le-feu à ces endroits, puis en utilisant ces violations comme raisons pour ne pas se retirer. Pire, l’armée ukrainienne finit par occuper la zone grise démilitarisée située autour de la ligne de front (grappillant ainsi quelques villages), en violation totale des accords de Minsk, dans le silence assourdissant de l’OSCE pourtant censé garantir l’application de ces accords.Et pendant ce temps, la délégation ukrainienne à Minsk fait tout pour saboter les négociations, empêchant d’aboutir à un accord concernant les modifications à apporter à la constitution ukrainienne, et à la décentralisation.Le seul progrès fut la signature d’un accord de renforcement du cessez-le-feu le 22 juillet 2020, qui a permis aux deux républiques populaires du Donbass de connaître quelques jours sans bombardements.

Mais quelques jours à peine après la signature de cet accord, le nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky a commencé à vouloir appliquer les points des accords de Minsk qui l’arrangeaient et jeter les autres à la poubelle. Une rhétorique qui va se poursuivre en 2020, puis en 2021, lorsque les autorités ukrainiennes vont publiquement et officiellement refuser de négocier quoi que ce soit avec les représentants de la RPD et de la RPL comme le prévoyaient les accords de Minsk.Dès la fin de l’année 2021 la situation se tend après que l’armée ukrainienne a envoyé le 13 octobre un commando enlever un membre du CCCC (Centre Conjoint de Contrôle et de Coordination du cessez-le feu) de la RPL près de la ligne de front. Or, les membres du CCCC sont intouchables, comme les observateurs de l’OSCE. OSCE qui d’ailleurs gardera un silence complice sur cette affaire, refusant de condamner publiquement l’Ukraine pour cette violation totale des accords signés.Deux semaines après, l’armée ukrainienne attaque et capture le village de Staromarievka, situé dans la zone grise, en RPD, près de Telmanovo, et utilise pour la première fois un drone de combat Bayraktar dans le Donbass pour bombarder une pièce d’artillerie de la milice populaire qui frappait l’armée ukrainienne pour la déloger du village attaqué. Il devient alors clair pour les deux républiques populaires que l’Ukraine se prépare à reprendre le Donbass par la force.Alors en décembre 2021, la Russie envoie aux États-Unis un projet d’accord concernant les garanties de sécurité militaire sur le continent européen, afin de désamorcer la situation par la diplomatie. Discutée au mois de janvier 2022, cette proposition est balayée d’un revers de la main par les pays de l’OTAN. La diplomatie étant refusée, il devenait clair que l’OTAN et l’Ukraine avaient choisi la voie de la guerre.Dès le mois de janvier 2022, la RPD et la RPL tirent la sonnette d’alarme, avertissant des préparatifs de l’armée ukrainienne pour attaquer les deux républiques.Et le 17 février 2022, l’armée ukrainienne bombarde intensivement la RPD et la RPL, tirant plus de 500 munitions sur les deux républiques en une journée. Le lendemain, le nombre de munitions tirées par l’armée ukrainienne double, et les deux républiques comprennent que cette fois il ne s’agit pas d’une simple escalade de la situation. L’Ukraine a décidé de reprendre le Donbass par la force militaire. L’évacuation des femmes, des enfants et des personnes âgées est décrétée ainsi que la mobilisation générale. Car pour faire face aux troupes accumulées par l’Ukraine, les deux milices populaires dans leurs effectifs de février 2022 ne suffisent pas.

Le 21 février 2022, la Russie reconnaît officiellement la RPD et la RPL et signe avec elles des accords de coopération militaire, espérant ainsi faire reculer Kiev. Mais il n’en est rien. Alors le 24 février 2022 tôt le matin, Vladimir Poutine a annoncé le lancement d’une opération militaire spéciale, afin de démilitariser et dénazifier l’Ukraine. La Russie devient alors partie prenante du conflit, et envoie son armée afin de protéger les habitants du Donbass d’un massacre.