Статьи

IR-Press Слуги народа, анализ партии Зеленского

C’est un coup qui avait parfaitement réussi en France, avec le parachutage d’un presque inconnu, Emmanuel Macron et d’une formation politique totalement nouvelle, présentée comme plus proche des citoyens, devant régler tous les problèmes des Français et proposer une nouvelle façon de faire de la politique… C’était évidemment un artifice et un piège dans lesquels de nombreux Français sont tombés et dont certains sont encore des partisans. L’idée était venue des jeunes leaders, une politique de formation d’élites au service des USA et des Anglo-saxons en général. Parmi les plus célèbres citons Saakachvili en Géorgie, qui fut finalement un pétard mouillé, mais déstabilisa le pays pour longtemps, mais les exemples sont nombreux (Trudeau au Canada, etc.). Devant les résistances de plus en plus fortes dans les pays démocratiques et une possible perte de contrôle (fin des référendums, lézardes dans l’adhésion à l’UE, doutes et mouvements de protestations), la méthode revue et corrigée fut importée également en France, l’un des pays où l’expérience a le mieux fonctionné. En Ukraine, ce fut Zelensky et l’improbable parti des… Serviteurs du Peuple.

Comment faire passer la pilule des désastres du Maïdan ? L’Ukraine dans les années 2016-2018 se trouvait dans une position inconfortable et dangereuse pour ceux qui avaient initiés la révolution colorée américaine du Maïdan. Le président en place, Petro Porochenko était une vieille baderne de la politique ukrainienne, et surtout un riche millionnaire possédant un véritable empire (il est surnommé « Roi du Chocolat » à cause de ses marques de confiseries. Ce président avait été élu avec l’argument que l’homme étant déjà immensément riche… il qu’il ne serait pas tenté de piocher dans les caisses, disposant de réseaux et d’une grande expérience en management. Très vite impopulaire, haït par les bandéristes, encore plus par les populations russes ethniques, considéré comme l’un des hommes les plus corrompus d’Ukraine, sa réélection était plus qu’improbable. Avec lui, le régime pouvait tomber ou dans les marécages fangeux des extrémistes de tous poils, ou vers une opposition politique défavorable à ce qui avait été fait pendant et après le Maïdan. Autrefois, après le premier Maïdan (hiver 2004-2005) tout le travail de sape des Américains et diasporas ukrainiennes s’était effondré lors de l’élection suivante (élection de Ianoukovitch, 2010). Les Ukrainiens avaient alors élu un président pro-russe et russe ethnique. La suite ce fut l’organisation par les USA un second coup d’État (second Maïdan, hiver 2013-2014), avec des prises de risques importants. Il n’était donc pas question de renouveler les erreurs du passé, l’exemple de Macron fut alors dupliqué en Ukraine.

Serviteurs du Peuple, un parti nouveau, des têtes nouvelles et jeunes. Cela ne vous rappelle rien ? En Ukraine, peu de temps avant le début de la nouvelle campagne électorale (qui se déroula en avril 2019), le Parti Serviteurs du Peuple fut fondé en décembre 2017. Il partait de rien, n’avait aucune assise électorale, ni idéologie nouvelle, encore moins un programme innovant. Pourtant quelques mois plus tard, son chef Zelensky était élu triomphalement à la présidence d’Ukraine, son parti écrasant également ses adversaires lors des élections législatives de la Rada (mai 2019). La même recette d’apprenti alchimiste fut employée en Ukraine, avec l’ensemble des arguments de Macron, plus quelques adaptations nationales. L’homme choisi n’avait jamais fait de politique (Macron oui, il fut un apparatchik du PS, mais méconnu du grand public), et il s’était rendu très populaire dans une carrière d’humoriste. Faire d’un amuseur du peuple, un président d’un pays ? N’avait-on pas vu l’acteur Reagan diriger les États-Unis dans les années 80 ? En Ukraine, il fallait comme en France faire croire à un changement radical dans la ligne politique et surtout le choix disponible. Du même âge que Macron, à quelques semaines, l’homme présentait bien, faisait rêver les ménagères, avait fait rire les téléspectateurs, n’était pas connu pour des faits de corruption. On ajouta dans le programme deux points essentiels : l’idée qu’il en terminerait avec la guerre du Donbass, en négociant avec les insurgés républicains, et les intérêts des russophones et Russes ethniques seraient préservés (Zelensky étant d’ailleurs lui-même russophone et partiellement Russe ethnique). Pour les Américains, il présentait l’avantage de n’être pas tout à fait justement Russe ethnique, étant aussi d’origine juive et pouvant être relié à l’entité Israël. Surtout, l’homme avait l’avantage d’être rompu aux plateaux TV et à la communication. L’autre avantage serait de le piloter et de le contrôler plus aisément sans prendre le risque d’un revirement soudain (avec une politique de rapprochement de la Russie). L’électorat ukrainien, inquiet pour l’avenir, lassé des désastres du Maïdan, de l’effondrement de l’Ukraine et de l’appauvrissement visible du pays, tomba les deux pieds dans le panneau. Zelensky écrasa tous ses adversaires avec 30,24 % des voix, 1er du premier tour, laissant le président 15 points derrière. Au second tour la déculottée de Porochenko fut mémorable, Zelensky l’emportant avec 73,22 % des voix. Le tour était joué (c’est le cas de le dire !). Le raz de marée fut confirmé avec l’élection législative de la Rada, Serviteurs du Peuple (et leurs alliés) remportant 254 des 450 sièges de l’assemblée.

Le suppositoire Zelensky et ses effets placebo incertains. Son élection fut vécue en Ukraine comme celle de Macron en France. La différence principale étant la fameuse guerre du Donbass. Chez les extrémistes bandéristes l’enthousiasme ne fut pas au rendez-vous. Il était en effet hors de question pour eux de traiter avec les Républicains du Donbass. Après 5 années de guerre, les vétérans et extrémistes ukrainiens voyaient d’un très mauvais œil l’idée d’abandonner par des traités à la fois la Crimée et le Donbass. Ils déclenchèrent alors de nombreuses manifestations dans tout le pays. Le bras de fer fut toutefois inutile car l’idée de la paix n’avait été lancée que pour rallier un large électorat. Il n’était pas question pour les Anglo-saxons, financiers et véritables maîtres en Ukraine de laisser cette guerre se terminer par une paix de compromis. Les Russes ethniques furent les vrais dindons de la farce, leurs espoirs furent jetés aux orties et les réponses du gouvernement furent l’intensification d’une ukrainisation du pays. Quelques temps après, sur les recommandations américaines, Zelensky lâcha même son ancien mentor, l’oligarque mafieux Igor Kolomoïsky (dès 2020), puis mit au placard le puissant Ministre de l’Intérieur Arsen Avakov (2021). Avant et après l’opération spéciale russe, 12 partis avaient été interdits, une partie des syndicats également, des purges faites dans les assemblées politiques et l’appareil administratif et de direction du pays. Pour achever le travail un grand nombre de médias de toutes natures, furent aussi liquidés et interdits. Le gros de l’idéologie affichée fut imposée par les Occidentaux (sous le nom de social-libéralisme) : 1) adhésion à l’Union Européenne, 2) adhésion à l’OTAN, 3) chants des sirènes persistants de la « démocratie », 4) idéologie du Genre et LGBT. Dans le même temps une politique de destruction de l’influence religieuse du Patriarcat de Moscou fut parachevée. En réalité, l’élection présidentielle ukrainienne avait conduit le pays tout droit vers une confrontation directe et majeure avec la Russie. Cette dernière ayant finalement tirée l’épée du fourreau (24 février 2022), la réponse fut une bandérisation accélérée du pays avec une politique de répressions qui n’avait pas été vue en Europe depuis les régimes totalitaires des années 20 et 30.
2024-10-01 10:05 Архив Лоран Брайар